Rencontre avec Matthieu GROSPIRON
Pourriez vous vous présenter en quelques phrases ?
J’ai aujourd’hui cinquante années assez fraîches dont plus de vingt cinq à fabriquer des images de synthèse sur trois continents. Je suis aussi photographe et en ce moment passe mon temps à trouver une façon d’articuler l’image de synthèse et la photographie.
Quel a été votre parcours scolaire / professionnel ?
J’ai obtenu vers dix huit ans un baccalauréat qui m’ouvrait les portes d’une carrière de comptable. Après quelques secondes de réflexion je me suis convaincu que j’aurais du mal a m’épanouir avec ce genre de chiffres et j’ai préféré suivre une formation d’illustrateur traditionnel à l’école Emile Cohl à Lyon ainsi qu’un deug d’histoire de l’art a la faculté de Lyon II. A la fin de mon passage à Emile Cohl les premiers ordinateurs permettant de dessiner ont fait leur apparition. Je leur ai emboité le pas et j’en suis sorti initié. À la fin de ces études je me suis rapidement installé a Paris ou j’ai eu la chance d’obtenir un stage chez Thomson Digital Image qui à l’époque produisait le premier logiciel d’image de synthèse français du nom d’Explore et c’est un des ancêtres de Maya. De manière quasi autodidacte j’ai pu apprendre le modelling, puis le texturing, l’animation de camera et l’éclairage ainsi que le compositing. Ma grande envie de voyager et la possibilité de travailler à l’étranger m’a emmené au Vietnam, en Corée du Sud, en Inde et aux Etats Unis. J’ai pu travailler sur une douzaine de longs métrages d’animation et d’effets spéciaux, dont star wars ou Shrek.
De retour en France depuis fin 2012 je me cherche et commence a me trouver dans la passation du savoir au travers d’interventions dans diverses écoles de 3D aux quatre coins de la France. Parallèlement je suis en train de chercher avec un ami de longue date une façon d’intégrer de la photographie dans de l’image générée par ordinateur.
Comment en êtes vous arrivé à faire ce type de travail (en lighting) ?
Je suis arrivé à me spécialiser dans le lighting par gout pour l’image mais aussi parce que a l’époque les postes de généralistes n’existaient pas vraiment dans les grands studios américains ou j’ai pu travailler a partir de 1998. Donc d’une certaine façon j’y ai été contraint mais je l’ai fait avec grand plaisir.
Comment pourriez-vous décrire votre travail ?
Mon travail consiste en tant que lighter/compositor ou éclairagiste/compositeur à récupérer des plans non éclairés et les éclairer de façon à ce qu’il s’intègrent le mieux possible dans la continuité d’une séquence et à l’ensemble d’un film.
À quoi ressemble une journée type ?
Une journée type commence invariablement par un bon café. Ensuite je regarde le résultats des calculs lancés la veille et je m’attelle à la liste de modifications que j’estime devoir apporter aux plans pour qu’ils s’intègrent le mieux possible dans la séquence. Il y a également dans une journée type un certain nombre de réunions plus ou moins utiles auxquelles j’ai plus ou moins envie de participer. Pareillement une journée type est ponctuée par ce qu’on appelle les « dailies » ou « journalières » ou « quotidiennes ». C’est un moment où toute l’équipe travaillant sur une séquence se rend dans une salle de projection en compagnie du directeur artistique et du production designer et où nous regardons toute les nouvelles itérations de chaque plan de la séquence. Et durant ces dailies soit de nouvelles modifications sont demandées soit le plan est validé.
Quels sont les postes qui sont en relation directe avec le votre sur une production ?
Suivant la position que nous exerçons nous avons à faire soit à des lighters, soit à des lead lighters (qui sont en charge de mettre au point quelques plans types représentatifs de la séquence); soit au séquence supervisor qui est notre chef et est responsable de la séquence. Les autres personnes avec qui nous sommes en relation sont le directeur artistique et le production designer qui eux sont responsables de l’ensemble de l’aspect du film.
Quels sont les atouts majeurs d’un lighter ?
Une excellent coup d’œil, une acuité aux détails, une bonne dose de patience pour parfois affronter des temps de calcul très longs et beaucoup de rigueur. Il est aussi important d’avoir une bonne dose de curiosité et l’envie incessante de découvrir et d’apprendre de nouveaux outils.
Quel est le dernier film que vous avez vu ? Votre film préféré ?
Ça fait un peu longtemps et il s’agissait d’Interstellar. Pour ce qui est du film préféré c’est trop réducteur d’y répondre tant il y a pour moi de films très importants . Il y a une oeuvre qui me fascine particulièrement c’est celle de Stanley Kubrick
Quel est le dernier film sur lequel vous avez travaillé ?
« Pourquoi j’ai pas mangé mon père » et je n’en suis pas très fier.
Depuis 2 ans maintenant vous intervenez régulièrement à Objectif 3D, que vous apporte cette expérience ?
C’est agréable de pouvoir aider tout ces jeunes passionnés à aiguiser leur regard et à prendre conscience de l’importance d’une très bonne organisation et d’avoir de la rigueur.