Aujourd’hui on fait le point sur le métier de Level Designer. Si comme moi vous avez une vague idée de ce qu’il s’agit mais que ça reste quand même un peu flou, Micael Witkowski, le formateur en Level Design nous explique tout !

Micael, tu es formateur en level design, peux-tu nous expliquer en quoi consiste le métier de Level Designer et comment es-tu devenu formateur ?

Pour faire simple, les jeux vidéo sont souvent découpés en niveaux de jeu ou level comme un livre est découpé en chapitres. Le but du level designer est de créer ces niveaux de jeu en s’efforçant de les rendre les plus intéressant possible en tenant compte de nombreux paramètres comme par exemple trouver le bon niveau de difficulté pour le joueur ou coller à des standards d’ergonomie attendus par les joueurs. Le level designer doit également avoir une très bonne culture du jeu vidéo. C’est un domaine qui a une histoire encore récente mais qui est déjà très riche et il n’est pas possible de s’en extraire et espérer répondre aux attentes du joueur. Le jeu vidéo à ses codes et son langage il est nécessaire de les maîtriser pour créer une expérience de jeu intéressante et pertinente. Au final le level designer c’est celui qui dit au joueur : “vas-y vient avec moi, tu vas voir on va bien s’amuser !”.

Aujourd’hui pour les personnes qui désirent faire du level design il existe des formations spécialisées, comme celle d’Objectif 3D. Pour les personnes qui ont mon âge (45 mais j’en fais 22 :)) il n’existait rien pour apprendre les métiers du jeu vidéo, aucune formation. J’ai donc appris à créer des jeux vidéo en créant des jeux vidéo. J’ai une formation artistique classique avec un diplôme des beaux-arts. Cette formation m’a appris à m’adapter à des outils de création moderne et à me donner les moyens d’atteindre mes objectifs. Par nécessité je me suis donc formé sur différents aspects nécessaires à la création d’un jeu vidéo. En plaisantant, je dis souvent que je suis un studio de jeu vidéo à moi tout seul. Je fais du graphisme 2d/3d de la programmation, du son, de la musique, du game design, du level design. Dans les faits j’ai édité plus de 500 jeux sur plateforme mobile android et ios en tant que créateur indépendant.

Pour ce qui est de la formation c’est un sujet qui m’a toujours intéressé. Pousser les individus à tenter d’accomplir leur potentiel est une activité particulièrement intéressante. C’est de la maïeutique au sens le plus socratique du terme. Le jeu vidéo qui porte dans son ADN la notion de travail en équipe est par essence un domaine où la formation est particulièrement gratifiante notamment avec la mise en place de projets concrets avec les étudiants. Pour ce qui est de mon historique personnel je fais de la formation depuis l’âge de 30 ans. J’ai été à l’initiative de la mise en place de formation spécifiques aux jeux vidéo dans différentes écoles. Cela fait de moi un des pionniers de la formation dans les métiers du jeu vidéo (il faut bien que l’âge ait un avantage). Je suis formateur à objectif 3D depuis maintenant presque 10 ans et j’y interviens en particulier sur la partie technique du level design.

 

Peux-tu expliquer, avec des mots simples, les étapes de la création d’un jeu vidéo et les différents corps de métier qui interviennent ?

Alors pour simplifier on peut dire qu’il y a 2 grandes étapes dans la création d’un jeu vidéo. Il y a la partie de préproduction pendant laquelle on va tester des prototypes de jeux, valider des concepts de gameplay, faire des recherches sur le type de graphisme et d’ambiance que l’on souhaite obtenir dans le jeu final.

Au terme de la préproduction on doit avoir une vision claire de ce que sera le jeu quand il sera terminé. A ce stade on a validé les mécaniques de jeu les plus importantes et les plus fondamentales, celles qui vont faire la qualité finale du jeu. Jusqu’à la fin de cette étape c’est une petite équipe de personnes qui travaillent sur le projet, ils sont en quelques sortes des pionniers qui balisent la voie pour le gros de l’équipe qui va intervenir en production.

La deuxième étape de la création d’un jeu vidéo c’est l’étape de production. Durant cette étape on va réaliser l’ensemble des graphismes, sons, musiques, niveaux, l’ensemble du code nécessaire à faire fonctionner le projet.  C’est une étape qui peut demander beaucoup de main d’œuvre et beaucoup de temps pour les plus gros projets de jeux.

 

J’imagine que le jeu vidéo est une passion depuis toujours, ça doit être génial de pouvoir en faire son métier, peux-tu donner un conseil aux joueurs avertis qui comme toi souhaitent devenir level designer en jeu vidéo.

Alors, étrangement le jeu vidéo n’a pas toujours été une passion. Ma passion principale a toujours été la création. J’ai fait du dessin, de la bande dessinée, j’ai créé des jeux de plateaux, des règles de jeu de rôle et au final assez naturellement j’en suis venu aux jeux vidéo. D’ailleurs j’ai toujours été plus intéressé par la création de jeu que par le fait de jouer aux jeux vidéo, même si je joue régulièrement.

Pour ce qui est faire du level design j’encourage tous ceux qui veulent en faire une carrière à rejoindre des équipes de modding pour commencer à créer et apprendre à utiliser les outils dédiés à la création de jeux vidéo. De nombreux moteurs de jeux sont aujourd’hui disponibles et accessibles au grand public pour faire ses premières armes et s’amuser en testant des choses tout en apprenant. Mais il reste indispensable de passer par une formation professionnelle comme la nôtre.

Créer un jeu vidéo reste quelque chose de créatif mais également de très technique. Créer et jouer sont deux choses très différentes. D’ailleurs il est plutôt bien que la plupart des joueurs n’aient aucune idée de comment fonctionne un jeu vidéo, cela leur préserve une part de magie.

Quel est le degré d’échange entre un level designer et un programmeur par exemple, comment s’organise le travail ?

Alors tout dépend du studio et en particulier de sa taille. L’organisation d’un studio de jeux vidéo varie beaucoup d’une entreprise à l’autre, même s’il reste des constantes.

Ceci étant, en général, les tâches sont clairement identifiées et attribuées aux uns et aux autres en particulier aux travers d’outils informatiques spécifiques qui permettent d’organiser et de distribuer le travail aux différents membres de l’équipe. Il y a des leads (des chefs d’équipes) et des producers qui s’occupent de gérer et d’organiser les plannings de façon à respecter les délais impartis et donc le budget du jeu.

Pour ce qui est du cas plus spécifique du level designer et des programmeurs gameplay il sont souvent amenés à travailler ensembles sur des niveaux de jeu. Souvent les levels designer sont capables de programmer des interactions simples dans leurs niveaux (ouvrir une porte, déclencher une quête, ramasser un objet). Cependant dans certains cas où une action très spécifique et complexe doit se produire dans un niveau et il est nécessaire qu’un programmeur intervienne pour la mettre en place. Dans ce type de situation le level designer et le programmeur doivent être capable de travailler en harmonie.

Quel est le profil parfait pour un level designer ?

C’est quelqu’un de créatif, de curieux, d’imaginatif, de débrouillard étant à l’aise avec l’outil informatique, qui a une bonne culture du jeu vidéo et une bonne culture générale.

Retrouvez la fiche métier dans le « Guide des métiers : Level Designer » 

Quels sont les projets sur lesquels tu as travaillé et que tu as le plus aimé ?

J’ai fait beaucoup de jeux à destination des jeunes enfants. Je garde une tendresse toute particulière pour ceux que j’ai pu faire durant la période où mon fils était pile poil dans la tranche d’âge de mon public. J’avais l’impression de travailler pour lui et j’avoue que forcément cela a créé chez moi un rapport particulier avec ces jeux.

Mais sinon d’un point de vue général le jeu qui m’intéresse et que j’aime le plus c’est celui que je suis en train de faire ou mieux celui que je ferais demain.

Ensuite il m’arrive de demander à mes étudiants de me dire ce qu’est un bon jeu pour un studio de jeux vidéo.Mes étudiants me parlent souvent d’innovation, de qualité de gameplays, de qualité des graphismes…

Alors qu’en fait un bon jeu pour un studio de jeu c’est un jeu qui rapporte suffisamment pour en créer un autre. Cela peut sembler très matérialiste, mais le jeu vidéo reste une industrie tributaire de problèmes très matériels aussi bête qu’un budget.

Tu joues encore aux jeux vidéo pendant ton temps libre ? A quels jeux ?

Oui je joue aux jeux vidéo, je garde une préférence pour les fps et les jeux de stratégies. Mais ma préférence va vers les jeux multijoueur où je peux jouer avec mes ami(e)s tout en discutant avec eux, un moment très convivial.

Une anecdote ?

Alors oui, pleins de petites choses amusantes qui sont assez courantes durant la création d’un projet avec des bugs divers et variés dont les effets sont souvent inattendus et parfois amusants. Par exemple les personnages sont souvent gérés avec des paramètres physiques assez pointus et il n’est pas rare que lors des premiers tests les réactions des personnages soient particulièrement divertissantes. Cela va du personnage qui se transforme en une masse informe genre chewing gum usagé à celui qui s’envole et rebondit dans tous les sens dès qu’on le touche… En général on ne s’ennuie pas :).

Merci Micael d’avoir répondu à mes questions, et je voudrais rajouter dans le cadre « d’anecdote », que tu as rajouté dans le titre de cette interview :  » Interview du mec le plus sexy de la section game! » 🙂

Teaser de « The Roads Of Apocalypse » :

the roads of apocalypse from witkowski micael on Vimeo.

 

 

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